Le groupe Rohde & Swharz s’inscrit de plain pied dans l’industrie 4.0, l’un des principaux thèmes d’évolution du groupe. Mais pour assurer une vraie industrie connectée, les protocoles de communication doivent coexister et les transmissions être sécurisées. Un défi pour les équipes de R&D… Les dirigeants de la filiale française du groupe partagent leur vision de l’industrie, de la 5G, de la 6G et tout ce qui fait le quotidien d’une industrie avec une vision d’avenir. A écouter grâce à cet épisode de Métrolaudio. Et nous vous mettons la transcription à disposition ci-dessous !
Qui êtes-vous ?
Stéphane Bringué : Je m’appelle Stéphane Bringué, je suis le dirigeant de la société Rohde & Schwarz France. J’ai rejoint le groupe Rohde & Schwarz il y a un peu plus de 18 ans, à la tête d’une autre filiale française – j’y reviendrai un peu plus tard dans le cadre de l’interview. Et j’ai pris mes fonctions ici chez Rohde & Schwarz France en octobre 2019, à la succession de mon prédécesseur, monsieur Jean-Christophe Prunet, qui l’avait dirigée pendant plus de 15 ans.
Mais vous n’êtes pas seul, alors qui est à côté de vous ?
Matthias Charriot : Bonjour, je me présente, Matthias Charriot. Donc je suis le directeur commercial Rohde & Schwarz France, et j’ai rejoint le groupe il y a un peu plus de 2 ans – plus court – et donc en charge, effectivement, de toutes les directions commerciales pour Rohde & Schwarz France.
Quand on regarde sur votre site internet, vous vous présentez comme partenaire pour façonner l’avenir dans le triptyque communication, information et sécurité. Est-ce que ces trois domaines ont les mêmes besoins ?
Stéphane Bringué : Alors, je dirais oui ; de nos jours, on met au même niveau les trois domaines que vous venez de mentionner.
Tout d’abord, communication ; communication dans un monde hyperconnecté, dans un monde de l’industrie 4.0. Aujourd’hui, le groupe Rohde & Schwarz, historiquement connu dans le cadre de ses outils d’instrumentation de tests et mesures, a, depuis on va dire une dizaine d’années, diversifié son offre produit également dans le secteur de la communication. Alors, communication radio principalement, parce que nous sommes une société de sans fil ; mais pas que.
On a aussi rajouté de la communication dans les médias, dans la production de médias, dans le système de production de médias, donc dans la télévision, dans la radio, le podcast radio.
La sécurité. Alors, la sécurité, aujourd’hui, on en parle partout : la sécurité des réseaux, la sécurité des données. Et le groupe Rohde & Schwarz a également mis en avant, depuis à peu près 10 ans également, des activités dans le domaine de la cybersécurité.
La cybersécurité, qu’est-ce que vous en faites ?
Stéphane Bringué : Alors, la cybersécurité, aujourd’hui, déjà, on l’intègre à nos propres solutions, à nos propres produits. Je vais donner un exemple. Aujourd’hui, nos produits manipulent énormément de données, de données d’instrumentation, de données de tests et mesures, et donc on a intégré des briques de cyber, en particulier de protection des données. Je vais donner un exemple : le Cloud, aujourd’hui, le Nuage, les données ont besoin d’être protégées. Et nous avons intégré des briques de protection d’accès au Cloud, à la fois en matière de protection des données, de chiffrement des données, d’intégrité des données dans nos propres produits. Ça, c’est la première chose qu’on fait avec de la cybersécurité.
Et puis on a aussi développé des solutions pour nos clients, en particulier dans le domaine de la sécurité. Et donc, quand on parle de cybersécurité, aujourd’hui, on a une panoplie de produits – j’y reviendrai un peu plus tard – qui vont de la protection des liens de communication, pour protéger l’accès aux contenus, mais aussi de la protection des terminaux ; ce qu’on appelle des end points, des terminaux d’utilisation, les end points sécurisés. Mais aussi des applications, puisqu’on fournit également aujourd’hui des solutions de ce qu’on appelle « Web Application Firewall », des firewalls sécurisés pour protéger les applications de nos clients.
Donc vous avez allègrement franchi la barre du hardware au software. Vous faites des deux, aujourd’hui ?
Stéphane Bringué : On a franchi effectivement une étape. Le groupe, historiquement, a été toujours très connu, très fort dans ses designs hardware. Mais, par la force des choses, par le besoin du marchés, par la demande de nos clients, je dirais qu’aujourd’hui, on combine à la fois les solutions hardware et les solutions logicielles, non seulement dans le domaine de la cybersécurité, mais aussi dans le domaine applicatif, donc tous les logiciels d’exploitation de nos équipements.
Plus globalement, à quels enjeux les industriels sont-ils confrontés aujourd’hui ?
Stéphane Bringué : Alors, je dirais, aujourd’hui, si on essaye de regarder dans le groupe, le thème général est celui de la sécurité dans ce qu’on appelle l’industrie 4.0. Et je dirais que c’est un enjeu majeur pour notre activité, donc pour notre évolution, mais aussi pour nos clients. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, la sécurité dans l’industrie est devenue prédominante, et les exigences de nos clients, non seulement en termes de performances radio, sont aujourd’hui au même niveau concernant les exigences en matière de protection et de sécurité de l’information.
Donc « industrie 4.0 », ce n’est pas qu’un concept, c’est votre quotidien.
Stéphane Bringué : Tout à fait, c’est notre quotidien. Donc je vais laisser Matthias présenter les grandes lignes de ce qu’on voit, nous, dans l’industrie 4.0 aujourd’hui. On a identifié 5 thèmes, donc je vais laisser Matthias les présenter.
Matthias Charriot : 5 thèmes, effectivement, ce sont les challenges de l’industrie de demain, ce qu’on appelle l’industrie 4.0.
L’industrie de demain, industrie d’aujourd’hui, industrie d’hier ?
Matthias Charriot : D’aujourd’hui et de demain, forcément. Ça commence. On va dire qu’on est sur le début, donc c’est l’industrie de demain mais on commence à travailler dessus, effectivement.
Donc la première chose, c’est la sécurité. On parle de sécurité, mais il n’y a pas que la sécurité des data, c’est la sécurité de l’infrastructure, aussi, c’est-à-dire l’accès. Alors, ça peut passer par un certain nombre de produits pour contrôler les accès dans les usines, dans les entreprises ; des accès en entrant mais aussi en sortant. Vous pouvez imaginer des stocks où on contrôle effectivement par des scanners la partie des gens qui sortent de ces usines-là. Après, bien entendu, il y a tout ce qui est la sécurité des data, parce qu’on avait parlé cybersécurité.
Et ensuite, dans l’industrie 4.0, il y a tout ce qui est infrastructure. L’infrastructure, c’est quoi ? Eh bien, là, on entend parler du déploiement de la 5G – au niveau urbain, bien entendu – mais il y a aussi les réseaux. Un réseau local 5G, dans une entreprise, il faut être capable de pouvoir faire de la couverture, faire du test de service qualité pour être certain que dans l’entreprise-même, il n’y ait pas de problème de communication, et surtout aussi de possibilité d’aller regarder les data qui s’y déroulent. Tout ça, derrière, on est dans un domaine où la 5G, par exemple, eh bien, il va y avoir tout un tas de connexions. C’est-à-dire que la 5G, c’est les téléphones mobiles, mais c’est aussi tout ce qui touche la partie objets connectés.
Je vous rappelle que dans la 5G, vous allez avoir 3 applications principales. La première, c’est la quantité de données qu’on peut véhiculer à travers la 5G, donc avoir tout simplement du débit, de la data. La deuxième, c’est la latence ; donc ça touche tout ce qui est domaine automobile, c’est-à-dire le temps de réaction pour avoir une information. Et la troisième, c’est tout ce qui touche la quantité d’objets connectés qui peuvent communiquer ensemble. Donc ça, effectivement, il va falloir le surveiller et le tester.
Et derrière ça, vous imaginez bien, s’il y a autant de devices, autant d’objets connectés – avec des impulsions radars, avec de la communication avec des satellites – eh bien, il va falloir tester tout ça à travers ce qu’on appelle la coexistence radio, ou les tests CEM. Donc c’industrie 4.0 regroupe à peu près ces quatre principaux thèmes, et transverse à tout ça, il y a tout ce qui est services que l’on peut donner sur chacun de ces solutions.
La 5G peut paraître un concept novateur, mais rappelez-moi depuis combien d’années vous travaillez sur ce domaine ?
Stéphane Bringué : Depuis le début de la 5G, depuis même le début de la normalisation du standard 5G, puisque le groupe est également acteur dans les organismes de normalisation. On va dire, la 5G, ça fait plus de 10 ans, aujourd’hui, voire même 15 ans en matière de R&D, que le groupe Rohde & Schwarz est présent en R&D. La 5G n’est pas nouveau en termes de produit pour le groupe, mais c’est nouveau en termes d’applications, et en particulier concernant la coexistence radio. La coexistence radio devient un problème majeur, je dirais, par la multiplicité des outils, non seulement des objets connectés, mais aussi des propres devices de nos clients – des robots par exemple. Donc la coexistence, les tests CEM, les tests OTA aujourd’hui – on a beaucoup de coexistence Over The Air à surveiller. Donc je dirais, la 5G, ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui, on parle même d’évolution de la 5G.
Matthias Charriot :Tout à fait.
Stéphane Bringué : Voire de la 6G, ça commence également à discuter ; pas uniquement dans le domaine industriel, dans le domaine médical également, pour des raisons de latence comme l’a mentionné Matthias. Donc la 5G n’est pas nouveau, mais je dirais, le groupe capitalise aujourd’hui sur l’industrie 4.0 avec les domaines applicatifs de la 5G et de la couverture 5G, principalement dans les usines, dans l’industrie.
Matthias Charriot : On le voit aujourd’hui, on est dans le déploiement de la 5G, ça veut dire qu’effectivement, avant de déployer, on a travaillé pas mal sur la 5G… C’est pour ça que même maintenant, on commence à parler de la 6G pour être prêt dans les futures normes de communication.
Nous nous intéressons particulièrement aux problématiques de tests et de mesures. Qu’est-ce que vous proposez dans ce domaine, dans cette activité bien spécifique ?
Matthias Charriot : Alors, si on se cale sur la partie 5G, déjà, il y a tous les devices à tester ; ça peut être les mobiles, ça peut être les objets connectés, etc. S’assurer bien évidemment que ces produits transmettent le signal suivant une norme, pour assurer [de] l’interopérabilité entre différents types de produits. Donc ça, c’est la première chose.
Ensuite, c’est tout ce qu’on appelle entre guillemets – un mot un peu barbare – « radiocom », donc c’est nos CMW, CMX500 par exemple. Donc ça, ce sont des systèmes de tests qui vont venir tester les devices. Bien entendu, on peut tester aussi côté station, c’est-à-dire côté émetteur. Donc ça, c’est la première chose.
La deuxième chose, c’est que dans la 5G, il y a tout un système d’antennes. Donc là, on a des instrumentations de mesures qui permettent d’aller vérifier ces réseaux d’antennes, de façon à pouvoir les calibrer, et à être sûr qu’elles soient aussi dans les normes, et au niveau spécifications, qu’elles soient correctes. Donc on est vraiment sur la partie device.
Ensuite, il y a tout ce qui touche la partie déploiement. Déploiement, c’est quoi ? Un opérateur va vouloir déployer la 5G sur un réseau – urbain ou dans un entreprise, donc un réseau local – dans ce cas-là, il va falloir s’assurer que la couverture soit bonne, qu’on puisse avoir la même qualité de service quelle que soit la zone géographique. Et donc, ça, ce sont des systèmes de tests ; on peut parler de ROMES, par exemple, dans le logiciel, qui nous permettent effectivement de cartographier la qualité de service d’un opérateur ou d’un système de réseau 5G ou urbain.
Et autour de tout ça, il y a ce que j’appelle la coexistence radio ; donc là, on parle souvent de CEM. C’est CEM c’est quoi ? On va regarder un device, ce qu’il émet comme interférences, ou s’il est sensible à des interférences, donc en émissions au niveau des Spurious. Eh bien, ce que l’on regarde aussi maintenant, c’est suivant la réglementation européenne RED, donc la coexistence radio, c’est-à-dire que des systèmes IoT, des systèmes 5G doivent coexister avec son environnement. Et dans son environnement, vous pouvez avoir des signaux satellites. Vous pouvez avoir même des signaux de radars automobiles, qui travaillent à 77 GHz, vous voyez ? Donc ça commence à être haut en fréquences.
Eh bien, tous ces devices-là, il faut les tester dans des chambres anéchoïques, de façon à s’assurer d’être immunisé contre toutes les ondes radios de notre environnement, et s’assurer que les devices fonctionnent entre eux même si on vient les perturber volontairement. Donc, on part du device jusqu’à un déploiement, et on regarde la coexistence entre les différents systèmes à des fréquences différentes.
Alors, le groupe a une histoire particulière, une relation privilégiée avec les oscilloscopes. Vous m’en dites un peu plus ?
Stéphane Bringué :Alors, les oscilloscopes, effectivement, ça fait un peu de 10 ans qu’on s’est lancés dans les oscilloscopes. Donc on est rentrés dans le domaine de l’oscilloscope, avec, disons, un autre axe, c’est-à-dire qu’on a donné le mot « temps réel » vraiment dans le produit. L’oscilloscope, c’est du temps réel, c’est de l’acquisition. Donc notre différence, ça va être quoi ? C’est qu’on va mettre – je ne vais pas rentrer dans la technique – entre l’ADC, le numériseur et le processeur, on a mis tout un tas de FPGA ou d’ASIC, qui permettent de faire du traitement en temps réel.
C’est là où vous allez retrouver sur nos oscilloscopes des modes haute définition temps réel, avec des conditions de déclenchement numériques, donc ça veut dire très précis, et à la bande passante du scope, sans rentrer dans le domaine trop spécifiquement. Et tout ce qui est traitement FFT. On est une société RF, donc le spectre, la première chose qu’on regarde, c’est la pureté spectrale. Donc on a un étage d’entrée avec une bonne pureté spectrale, qui nous donne effectivement une bonne analyse, une bonne intégrité de signal.
Alors, là, maintenant, récemment, on commence à attaquer effectivement le domaine du numérique, digital, donc tout ce qui est liaison de bus série – type USB 3.0, PCI express, etc. en incluant toujours des DSP dans des systèmes temps réel dans nos oscilloscopes, qui permettent d’aller vérifier de façon normative ou au niveau des bugs ces liaisons série.
Petite information aussi, c’est quand même qu’on utilise pas mal nos oscilloscopes dans tout ce qui est débogage de système CEM, parce que comme c’est du temps réel, on peut aller facilement capturer des interférences qui peuvent être gênantes sur les devices, avant d’envoyer les devices dans des test houses pour faire de la normalisation, par exemple.
Vous êtes un groupe mondial. Est-ce que vous constatez des différences en termes de besoins de vos clients, des réponses que vous leur apportez, selon les zones géographiques et en particulier la France ?
Stéphane Bringué : Alors, je crois qu’aujourd’hui, la France, sans faire de chauvinisme exacerbé, est un melting pot de demande du marché qui correspond à l’ensemble des lignes de produits que le groupe peut offrir. Je vous l’ai donné en début d’interview, si on prend effectivement le secteur de l’instrumentation, on a de la chance, en France, d’avoir les industries majeures, que ce soit dans le secteur de l’industrie, des composants, de la recherche ; on a aussi beaucoup de labos de recherche en France. L’industrie automobile ; on a la chance, effectivement, en France, de pouvoir travailler avec des constructeurs nationaux. On a également en France, je dirais, le monde de l’aerospace et de la défense, qui est très, très bien représenté. Donc on adresse aujourd’hui sur ces 3 segments de l’industrie, je dirais, l’ensemble des produits au catalogue du groupe.
Mais pas que. C’est là peut-être où on est moins connus, historiquement. On adresse aussi le monde de la défense et de la sécurité au travers de produits toujours radios, mais orientés défense / sécurité.
Mais si vous permettez, pour en revenir à l’industrie 4.0, pour aller justement sur la partie sécurité des infrastructures, je voudrais parler de deux lignes de produits que nous offrons aujourd’hui dans la sécurité des infrastructures.
Alors, une qui est d’actualité aujourd’hui, en France, comme au niveau international, c’est ce qu’on appelle la lutte anti-drone. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le drone est devenu une menace, pour non seulement les États, mais aussi les industriels. Et donc, le groupe a développé aussi ces dernières années de solutions de lutte anti-drone radio qui permettent de détecter, localiser, identifier des drones en approche d’un site.
Et après l’identification ?
Stéphane Bringué : Alors, nous, notre métier, vous l’avez bien compris, c’est la radio. Donc on fournit des capteurs, des sensors radio qui permettent d’identifier, de détecter et de classifier. Ce que font après nos clients, je dirais, ça sort de notre périmètre. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une lutte anti-drone efficace, c’est non seulement les capteurs radio dont je viens de vous parler, mais aussi le couplage à d’autres capteurs, donc d’autres industriels, d’autres partenaires, qui couplent aux capteurs radios des capteurs vidéo, des capteurs radars, des capteurs acoustiques pour identifier plus précisément et dans une couverture plus étendue la menace drone. Et l’étape d’après, je dirais, est de la responsabilité des utilisateurs.
Donc nous, le groupe Rohde & Schwarz, pour répondre à votre question, n’a pas de solutions, je dirais, de destruction au sens massif du terme, du drone. Ça ne rentre pas dans notre déontologie, et ligne de produits. Donc la lutte anti-drone, aujourd’hui, on a développé des solutions qui sont articulées autour de récepteurs et de radiogoniomètres multicanaux qui permettent d’identifier un objet volant en approche d’un site.
Au-delà de la lutte anti-drone, Matthias en a déjà parlé, il faut aussi protéger les sites, je dirais, de menaces qui sont cette fois-ci humaines. Et le groupe a commencé le développement, sur la base des technologies radios et hyperfréquences, de scanners de sécurité corporels. Alors, on a commencé cette activité sur le marché aéroportuaire pour pouvoir développer et fournir des solutions de scanners corporels aux normes aéroportuaires. Donc aujourd’hui, ces produits sont déjà déployés, et je dirais, en opération dans un certain nombre d’aéroports internationaux.
Mais aussi, on a pu développer, au travers de cette technologie, des scanners de sécurité corporelle à vocation des sites critiques, ou des sites de stockage, ou des sites industriels sensibles qui permettent effectivement un balayage très rapide des personnels entrants, sortants, non seulement dans l’industrie, mais aussi, finalement, on s’est rendu compte que cette technologie pouvait être utilisée dans les événementiels, la protection des évènements sportifs, par exemple, d’évènements musicaux. Aujourd’hui, on répond à d’autres normes, qui ne sont pas des normes aéroportuaires, cette fois-ci, qui sont des normes d’exploitation, je dirais, de scanners millimétriques publiques, qui permettent de protéger l’accès entrant / sortant à des infrastructures.
Donc là aussi, on s’inscrit dans la protection d’infrastructures de l’industrie 4.0, mais ça va un peu au-delà, puisqu’aujourd’hui, vous le savez, la France va organiser à brève échéance la Coupe de rugby en 2022, suivie, je l’espère, des JO en 2024. Et c’est le type d’instrumentation – parce qu’on peut appeler ça de l’instrumentation – où le groupe Rohde & Schwarz et notre filiale en France se doit d’être présent pour répondre à la sécurité des événements.
Plus globalement, la R&D, chez vous, au sein du groupe, ça se passe comment ?
Stéphane Bringué : La R&D reste dans l’ADN du groupe. Aujourd’hui, il faut savoir que le groupe, globalement, si je prends les chiffres de l’exercice clos, investit à peu près un demi-milliard en R&D. Quelques chiffres aussi, 1 employé du groupe sur 4 est aujourd’hui assimilé à un laboratoire quel qu’il soit.
Alors, la majorité de la Recherche & Développement reste en Allemagne, aujourd’hui, pour plus de 60%, mais pas que. On a aussi donc de la Recherche & Développement en Asie, sur de nombreux hubs basés à Singapour.
Et puis, on a au fil des années, je dirais, fait des acquisitions stratégiques avec des sociétés aujourd’hui qui font partie du groupe Rohde & Schwarz et qui ont leur propre unité de développement et de recherche de produits dans des domaines particuliers. Donc en résumé, un peu plus de 500 millions d’euros d’investissement annuel en Recherche et Développement, répartis sur le territoire allemand et quelques pays mondiaux.
Alors, en France, je peux le dire – pas dans notre filiale Rohde & Schwarz France, mais dans deux autres filiales du groupe en France. Je peux d’ailleurs donner les noms : une filiale qui s’appelle Rohde & Schwarz Cybersécurité France, qui, elle, a une unité de Recherche & Développement basée à Montpellier dans le domaine de la cybersécurité des applications, avec un développement des Web Application Firewalls – des WAF – en particulier ; et puis une autre filiale basée dans le Sud de la France à La Ciotat, que j’ai dirigée pendant une quinzaine d’années, qui, elle, agit dans l’identification et l’analyse des signaux de communication par satellite avec une propre unité de développement d’environ une vingtaine d’experts dans le domaine des radio satellites.
Stéphane Bringué et Matthias Charriot, je vous remercie et je vous laisse le mot de la fin.
Matthias Charriot : Que dire de plus, bienvenue dans l’industrie 4.0. Nous serons là effectivement pour supporter toute cette activité-là, et avec toujours une solution transverse qui est le service, parce que les clients ne demandent pas uniquement des produits, mais une solution globale. Un mot de la fin, c’est de dire [que] les clients, ce qu’ils attendent, ce n’est plus d’acheter un produit ; c’est d’acheter une solution. C’est ce qui a changé. Et dans la solution, il y a toujours la notion aussi de service. Et donc, la partie proximité est importante pour eux.
Stéphane Bringué : Eh bien, moi, je reprendrais peut-être la vision de notre groupe, qui est « un monde plus sécurisé dans un monde ultra-connecté ». Aujourd’hui, je crois que l’industrie 4.0 dont on a abordé aujourd’hui le thème est un des domaines, je dirais, d’évolution du groupe. Mais rendre le monde plus sécurisé dans ce monde ultra-connecté, c’est notre vision, et je dirais même notre mission a minima des dix prochaines années.
N.G.