Accréditée par le Cofrac (Comité français d’accréditation) pour les activités de certification de personnel selon le référentiel EN ISO 9712 (Essais non destructifs – Qualification et certification du personnel END), la Cofrend ne cesse d’adapter ses dispositifs pour répondre aux évolutions technologiques et aux besoins des industriels. En matière de certification, nombreuses sont les annonces en 2021.
Entretien avec Vivian Didier (EDF), président du pôle certification et qualification de la Cofrend.
Quelles sont les nouvelles certifications proposées par la Cofrend ?
Les méthodes conventionnelles comme la radiographie, les ultrasons, le ressuage, la magnétoscopie, les examens par courants de Foucault, les tests d’étanchéité, sont des méthodes robustes pour lesquelles aujourd’hui nous cherchons, de façon continue, à apporter des améliorations sur la façon de mener nos examens. À côté de tout cela, nous sommes à l’écoute des industriels et de nos adhérents pour développer des dispositifs répondant à des besoins encore non couverts par la Cofrend. Ainsi, nous sommes en mesure de proposer une nouvelle certification dans le domaine des ultrasons multiéléments (UT Phased Array) qui représentent une technique actuelle pour laquelle la France n’avait pas de certification. Grâce à un travail considérable du comité sectoriel concerné, le CIFM (Comité sectoriel fabrication & maintenance), la Cofrend peut proposer cette certification dès cette année 2021. La documentation, la procédure et tout ce qui concerne le questionnaire d’examen pour les certifications de niveau 2 et 3 sont prêts. C’est un travail important que je salue et qui était attendu par la profession. Des centres d’examen agréés ont d’ores et déjà fait une demande de dépôt de dossiers pour être audités et obtenir l’agrément Cofrend pour couvrir cette nouvelle méthode.
D’autres méthodes CND sont-elles concernées par de nouvelles certifications ?
Nous nous sommes également attachés à développer une certification en examen visuel direct alors que le référentiel que nous avons à appliquer, qui est la norme ISO 9712, précise que seuls les examens visuels indirects sont couverts par la certification. Nous nous sommes aperçus qu’il y avait un réel besoin industriel en France dans ce domaine. Le CCPM (Comité de certification des produits métalliques) est en charge de cette question. Il est en train d’aboutir à la création de la certification visuelle directe pour tout ce qui relève des produits métalliques. Nous allons créer un référentiel particulier qui permettra de proposer aux industriels une certification sur le modèle d’une certification ISO 9712, mais qui ne pourra pas se prétendre être une certification relevant de ce référentiel-là puisque ce référentiel ne le propose pas. Nous répondons par ailleurs à une demande assez forte des industriels en créant une certification restreinte concernant l’interprétation de radiogrammes. Du fait de l’évolution des métiers, il y a une forme de spécialisation de l’interprétation et de l’analyse des films argentiques pour identifier les défauts conformes et non conformes. En outre, nous avons pris la décision de proposer une nouvelle certification permettant de proposer des examens concernant la radiographie numérique. Des équipements de radiographie numérique sont désormais disponibles, avec des résultats équivalents à ceux des radiographies argentiques. Des secteurs comme l’aéronautique utilisent ces nouvelles technologies. Celles-ci ne sont pas encore généralisées mais se développent et nous souhaitons pouvoir proposer à nos adhérents d’évaluer les compétences de leurs contrôleurs dans ce domaine. Autre point important : le CFCM (Comité ferroviaire de certification pour la maintenance) a également fait évoluer sa certification pour tenir compte de l’évolution d’une réglementation dans le domaine au niveau européen.
Pouvez-vous nous parler du nouveau centre d’examen agréé à Montbard, en Bourgogne ?
Le Centre d’examen agréé Ifat Feignies (SAS CEM) a fait une demande de dossier il y a deux ans pour pouvoir bénéficier d’un lieu d’examen à Montbard, spécifiquement réservé à la métallurgie. Ce lieu d’examen a été créé et audité. Aujourd’hui, il bénéficie d’un agrément qui lui permet de couvrir une partie de la certification qui peut être délocalisée maintenant sur la région de Montbard. Des industriels de la région Bourgogne-Franche-Comté avaient besoin d’une proximité géographique pour pouvoir faire passer des examens à leurs contrôleurs qui devaient, auparavant, se rendre à Feignies dans les Haut-de-France, notamment pour couvrir le domaine des tubes. C’est une bonne chose : cela facilite les transports, diminue les charges globales et les frais inhérents aux déplacements des agents.
Est-il également possible de faire le point sur l’approbation du personnel pour les équipements sous pression ?
À noter : nous ne sommes plus ici dans le domaine de la certification. Pour clarifier la situation, la Cofrend, seul organisme de certification habilité par l’administration française à pouvoir délivrer des approbations des personnels qui travaillent sur des équipements sous pression, selon la DESP, a été sollicitée par l’Abendi, son équivalent au Brésil, pour approuver du personnel certifié. Dans le cadre de l’application de la directive européenne des équipements sous pression, la Cofrend a pu y répondre favorablement. Nous avons estimé, au niveau du pôle certification, que cela pouvait être intéressant de se positionner sur ces prestations, surtout depuis le Brexit, puisqu’il y a énormément d’industriels qui faisaient approuver leur personnel par des organismes anglais. La Cofrend a rédigé des procédures qui permettent aujourd’hui de proposer l’approbation de personnel aux pays qui voudraient faire approuver du personnel de contrôle destiné aux contrôles d’équipements sous pression susceptibles d’être vendus et mis en service en Europe. Des discussions ont été engagées avec le Portugal et la Russie. C’est une activité complètement nouvelle pour la Cofrend. Nous n’étions auparavant pas présents sur ces sujets-là.
Pouvez-nous nous parler plus précisément de la norme 9712 ?
La norme 9712 est la norme internationale qui précise toutes les dispositions qu’il faut mettre en œuvre et respecter pour pouvoir conduire de façon fiable et valable les examens de certification partout où elle est appliquée dans le monde, quel que soit le pays dans lequel les contrôleurs passent leur examen. Une fois qu’elle est prise en référence, on ne peut pas diminuer les exigences de la norme. En revanche, on peut les augmenter. C’est le cas en France : il y a quelques champs pour lesquels la Cofrend est un petit peu plus exigeante que la norme 9712, sans pour autant aller très loin pour ne pas mettre la barre plus haute en France que dans les autres pays. Les travaux de révision de la norme ont un peu pris du retard du fait de la crise sanitaire mais la norme va malgré tout entrer dans sa nouvelle version très prochainement, avec quelques modifications importantes. La France a d’ailleurs été promoteur de nouvelles possibilités qui ont été validées. Cela offre une vision beaucoup plus pragmatique en matière de maintien des compétences des agents. Plutôt que d’inviter les agents à passer un examen pour renouveler leur certification, les industriels pourront selon leur choix, étayer un dossier de crédits de points leur permettant d’apporter des preuves documentées du maintien de la compétence de leurs agents. Je suis persuadé que pour la majorité des industriels français, c’est une vraie souplesse qui est apportée, d’autant que des dossiers sont déjà établis lorsque les entreprises sont certifiées ISO 9001.
Quid de la mise en place de dossiers dématérialisés pour la certification ?
Nous utilisons Gericco, un outil de gestion de la certification Cofrend, qui désormais intègre les besoins du secteur aéronautique. Nous avons fait évoluer ce logiciel afin qu’il nous permette de proposer un enregistrement des dossiers de certification en ligne, tout en offrant encore la possibilité de réaliser ces dossiers au format papier. La dématérialisation nous permet de traiter de façon plus optimale les dossiers : de suivre la certification des agents, de leur inscription jusqu’à la validation de leur certification lorsqu’ils ont réussi leurs examens.
Sur quels autres sujets travaillez-vous actuellement ?
Il ne faut jamais être assis sur des acquis et toujours avoir un œil vers l’avenir. À la Cofrend, nous nous interrogeons en permanence sur la pertinence de notre système de certification. Nous sommes en veille sur tout ce qui peut être utile à nos clients et aux utilisateurs de la certification afin d’évoluer dans le bon sens par rapport à ce qui se passe dans l’environnement industriel. À titre d’exemple, nous sommes en veille sur un domaine industriel qui prend de l’importance : la fabrication additive. Certains process, dans ce cas, ne relèvent plus des pratiques industrielles classiques. Se pose ainsi la question de savoir si le contrôle industriel que l’on pratique aujourd’hui est toujours pertinent pour pouvoir aller détecter des dérives de fabrication qui se traduiraient par des défauts contenus dans la matière. Avec ces évolutions liées à la fabrication, il est pertinent de s’interroger et de voir si des certifications particulières permettraient de pouvoir piéger des dérives de fabrication résultant de ces nouveaux procédés. Nous sommes également en veille très active sur le sujet de la tomographie industrielle. La tomographie industrielle est une technique ou une pratique qui est en train de prendre beaucoup d’essor, notamment dans le domaine de l’aéronautique. L’idée serait d’établir, si le besoin industriel se confirmait, une certification sur la radiographie générée par technique tomographique (évaluation des pièces en trois dimensions) si le besoin s’en faisait sentir.
Le génie civil semble également en attente de certification. Qu’en est-il ?
Effectivement. Un nouveau comité sectoriel s’est créé cette année : le comité Génie civil, présidé par Bernard Quénée. Il va commencer à travailler à partir de la rentrée pour établir tout le corpus documentaire dont il a besoin pour être conforme à la norme ISO 9712. Un groupe d’experts a été nommé pour travailler sur la constitution d’un questionnaire qui servira à l’évaluation lors des examens. Une certification sera ainsi créée probablement à la fin de l’année 2022. Elle concernera dans un premier temps les techniques et méthodes spécifiques de diagnostic des infrastructures en béton par ondes radars et courants de Foucault basses fréquences.
Bilan de la certification Cofrend 2020
Comme chaque année, la Cofrend publie le bilan de son activité de certification. Nous vous donnons rendez-vous sur notre site internet pour accéder au bilan complet.
Parmi les principaux enseignements, notons une baisse du nombre de certificats émis en 2020 (3807) par rapport à 2019 (4225). Cette diminution, plus marquée dans le secteur de la sidérurgie (production de tubes en particulier), s’explique par la crise du Covid. De même, cette crise a eu un impact sur le nombre de primo certifiés qui s’établit à 1433 en 2020 contre 1674 l’année précédente. Concernant les méthodes certifiées, le ressuage est toujours en tête du classement, représentant plus du tiers des certifications. La Cofrend conclut son bilan ainsi : « En 2020, le fait marquant porte sur la baisse des activités liée aux conditions sanitaires exceptionnelles que nous avons connues et à l’incertitude pour les mois et années à venir. Cependant, de nouveaux projets vont aboutir et permettre à la Cofrend de se diversifier et proposer de nouveaux services à ses clients et adhérents. »
Les statistiques présentées dans ce document sont réalisées à partir des données extraites de Gericco, l’outil de gestion de la certification Cofrend. Cet outil est en permanence mis à jour par les Centres d’examen agréés Cofrend lors de l’inscription des candidats et leur passage d’examen. Les qualifications selon EN4179 sont validées par l’Afenda Fr ANDTB depuis le 6 décembre 2017. Les données liées aux examens de qualification selon l’EN 4179 sont fournies par l’Afenda et sont présentées en page 4.