Global Industrie dévoile à quelques jours de son ouverture, une étude exclusive sur la sous-traitance en Europe et en France, réalisée par Daniel Coué, consultant pour Global Industrie.
La sous-traitance en Europe
En 2017 :
-
Le total des chiffres d’affaires des secteurs de sous-traitance industrielle dans le périmètre de l’ex-Europe des 15 s’élève à 431,1 milliards d’euros (soit une progression de 4 %).
Ce chiffre correspond aux activités de 259 647 entreprises, employant 3,4 millions de salariés directement affectés aux tâches de sous-traitance (équivalent temps plein). Ces effectifs sont en hausse de 1,17 %. -
Pour l’Europe des 28, la progression en valeur atteint **4,34 % (523,4 milliards d’euros). Et les effectifs se sont accrus de 1,69 % (4,8 millions de salariés).
Dans l’ensemble des pays européens, à de très rares exceptions, on observe en 2017 un net retour à la croissance. Ce mouvement de hausse s’est même accéléré au cours du second semestre. Ce qui explique les « bons chiffres » enregistrés dans la plupart des pays, notamment en France. Globalement, les activités de sous-traitance industrielle ont progressé de 4 % dans l’ex Europe des 15 et de 5,93 % dans les 13 nouveaux membres de l’Union européenne.
Une belle croissance, donc ! D’autant plus réjouissante qu’elle contraste fortement avec le marasme de ces dernières années… Prudence quand même ! Car l’économie du Vieux Continent reste convalescente. Les séquelles, pourtant lointaines, de la crise de 2007-2009, n’en finissent pas de s’effacer. Les mesures de restriction budgétaire prises par les autorités des différents états empêchent l’avènement d’une reprise plus solide et d’une situation économique plus prévisible. Même si ces politiques tendent à s’assouplir quelque peu, les concours à l’économie sont encore très limités. Par ailleurs, les pressions fiscales demeurent élevées et conservent un caractère lénitif, voire récessif. Les hausses de matières premières et de l’énergie suscitent aussi l’inquiétude des industriels. La concurrence internationale s’accentue. Et la remontée progressive de la parité euro-dollar risque de peser sur la compétitivité à l’exportation des entreprises européennes.
Pour l’heure, ces phénomènes négatifs sont opportunément compensés par le redressement de la croissance mondiale, aux alentours de 3,5 % (6 à 7 % pour la production industrielle)… C’est elle, essentiellement, qui tire les performances économiques vers le haut.
Au final, notons que la sous-traitance européenne s’en tire assez bien… Et c’est ce qu’il faut retenir !
La sous-traitance en France
En 2017 :
-
Le total des chiffres d’affaires réalisés par les entreprises françaises de sous-traitance atteint 73,67 milliards d’euros, en hausse de 4,76 % par rapport à 2016.
-
Les secteurs de sous-traitance industrielle comptent 31 054 entreprises de toutes tailles, employant 507 224 salariés (équivalent temps plein). Ces effectifs sont en hausse de 1,60 %.
L’année passée, les activités des entreprises comptant 20 personnes ou plus se sont encore accrues, confirmant en cela la reprise amorcée en 2015 et en 2016. Cette progression est essentiellement liée à une amélioration sensible de la conjoncture internationale qui a bénéficié aux exportations directes des sous-traitants comme à leurs exportations indirectes, via les ventes à l’étranger des donneurs d’ordres. En dépit d’un léger ralentissement à la fin de 2016, la tendance s’est réaffirmée au premier semestre de 2017. Et surtout, elle s’est nettement amplifiée au cours des derniers mois de l’année. Ce qui explique que les résultats finaux soient sensiblement supérieurs à nos estimations précédentes.
Gardons-nous de qualifier ces chiffres d’« euphoriques ». D’autant qu’ils s’inscrivent dans un climat très imprévisible à long voire à moyen terme. Mais force est de constater qu’ils marquent une superbe embellie après les calamités et les cahots subis dans les années 2008 à 2014.
A mieux y regarder, on découvre une situation fortement contrastée selon les secteurs. Les moyennes ne disent pas tout ! Les chiffres méritent d’être analysés en détail. Ce que permet le tableau affiché comme image ci-dessus.
Comme on peut le constater, l’amélioration a été plus lente dans certaines activités que dans d’autres. Mais les signes positifs dominent largement. Les meilleurs scores, tant en production qu’en chiffres d’affaires se rencontrent dans le découpage emboutissage, les traitements des métaux, la forge, la transformation des plastiques et la sous-traitance en électronique et électrotechnique. En revanche des secteurs comme les moules, modèles et outillages, les engrenages et sous-ensembles mécaniques, la transformation des élastomères ou le façonnage textile, s’inscrivent au-dessous de la moyenne générale.
Deux métiers – la fonderie et la fabrication de ressorts et de composants en fils métalliques – sont encore en repli dans leurs activités de production. Mais ils renouent eux aussi avec le positif en chiffres d’affaires.
Les prix… C’est justement l’autre bonne nouvelle de 2017 !
Pour l’ensemble de la sous-traitance industrielle, les prix de marché se sont légèrement accrus. La hausse atteint globalement 0,94 %, contre une baisse de 0,14 % en 2016. Pas de quoi, s’extasier, certes ! Mais quand même. Là aussi, c’est une longue tendance qui s’inverse.
Deux raisons principales à cela :
- Avec la croissance, les capacités de production retrouvent des taux d’utilisation plus satisfaisant (84 % en moyenne) et donc, la concurrence tend à s’adoucir.
- Les hausses des prix des matières premières, réapparues depuis environ un an, ont pu être, en partie répercutées dans les prix de vente. Tous les secteurs et toutes les entreprises, ne sont pas, de ce point de vue, logés à la même enseigne. Les rapports de force avec les donneurs d’ordres, les capacités de négociation avec les fournisseurs de matériaux jouent un rôle clé. Vaste sujet !
Ces évolutions incitent globalement à l’optimisme. Avec la prudence qui convient ! Car, à bien les regarder, les chiffres apparaissent contrastés et confirment le caractère aléatoire de la reprise actuelle. Notre industrie reste ballotée aux vents de l’économie « mondialisée » et aux caprices de centres de décisions souvent exogènes. Elle profite cependant, sans conteste d’une croissance réelle et soutenue. Et la sous-traitance, de toute évidence, en bénéficie. C’est là l’essentiel…
Learn more: www.global-industrie.com