Intelligence artificielle et big data sont deux sujets dont on reparle aujourd’hui simultanément. Avec la robotique ils enflamment l’imagination de nos contemporains. Certes la cohabitation de l’homme avec des systèmes artificiels est depuis longtemps l’un des thèmes favoris de la science-fiction. Quant à l’économie, dans le passé, ces disciplines ont tour à tour suscité espoirs démesurés puis déceptions, et ce, de façon quasi cyclique. Mais nombre d’événements récents, souvent habilement mis en scène, laissent à penser que s’ouvre à nouveau une ère de ruptures dans la technologie.
C’est pourquoi I.A. et big data nourrissent désormais un véritable débat de société. Dans son nouveau livre blanc, Jean-François Marcotorchino*, aidé dans sa réflexion par Christophe Faurie**, spécialiste en conduite du changement, donnent une lecture sur l’impact réel et raisonnablement prévisible de l’I.A. et du big data sur l’économie et l’entreprise.
Scientifiquement, les technologies actuelles de l’I.A. et du big data font appel, de plus en plus, à des algorithmes mathématiques de haut niveau s’appuyant sur des machines de plus en plus puissantes. Mais la nouveauté et les perspectives de rupture sont loin d’être aussi radicales qu’on se plaît à le faire croire. Aussi est-il important de bien faire la part entre progrès en cours de validation, et redécouverte de techniques préexistantes et peu diffusées, ou encore entre percées scientifiques réelles et validées et « relooking » d’approches déjà connues. C’est cette préoccupation qui anime cette réflexion : quel est le bénéfice de l’I.A. et du big data sur l’économie et l’entreprise ?
Elle conduit à une conclusion pratique : ce que l’on entend actuellement sur I.A. et big data ne reflète pas la réalité.
D’une part, s’il y a matière à une transformation radicale, elle n’est pas où nous la cherchons. Et elle n’aura pas l’impact que l’on dit. Elle est, en quelque sorte, « démocratique ». Elle sourit au talent humain ou social, et ne coûte pas cher.
Ensuite, On a vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. L’I.A. et le big data n’ont pas les capacités qu’on leur prête. Ils font face à des obstacles. Plus exactement : 5 « antinomies ». Cependant, Une avancée n’est pas impossible. C’est un problème de mathématiques. Or, en France, nous avons des mathématiciens et statisticiens d’un excellent niveau. Encore faut-il qu’ils ne nous quittent pas…
*Jean-François Marcotorchino est directeur de recherche associé au Laboratoire de statistique théorique et appliquée (LSTA) de Paris VI/UPMC. Professeur des universités, chargé de cours à Paris VI et à l’ISUP (institut de statistique de l’université de paris). Ancien vice-président, directeur scientifique de Thales SIX, et « Thales TechnicalFellow ». Il avait été auparavant directeur du centre scientifique IBM de Paris et de l’« European Centre for Applied Mathematics (ECAM) » d’IBM Europe. Il est le créateur d’une branche des mathématiques : l’analyse relationnelle mathématique.
**Christophe Faurie est un spécialiste de la conduite du changement, sujet sur lequel il a publié 5 livres (le dernier : J’ai pensé à tout… et pourtant ça ne marche pas, chez Kawa). Diplômé de l’école centrale de Paris, de l’Insead (MBA) et de l’Université de Cambridge (M.Phil), il a commencé sa carrière à la direction de la stratégie de Dassault systèmes, puis est devenu directeur du marketing du groupe Norisko (Dekra), directeur de l’activité conseil du cabinet MV2, associé du cabinet de conseil en management GM2.
Learn more: