Le CEA, le CNRS et la PME Protec Industrie lancent leur laboratoire commun Mestrel pour mettre au point un procédé de préparation de surface avant peinture, destiné en particulier à l’aéronautique et aux transports, sans produits chimiques dangereux pour la santé.
Le laboratoire commun Mestrel, porté par le CEA, le CNRS et l’entreprise Protec Industrie, a pour objectif d’industrialiser un traitement organique de surface sur métal, satisfaisant aux normes et exigences aéronautiques. Ce procédé permettra d’améliorer la protection contre la corrosion et l’adhérence des peintures. Le marché français de la préparation de surface avant peinture représente environ 35 millions d’euros par an, dont 3 millions d’euros de chiffre d’affaire pour Protec Industrie.
Le point de départ de la méthode est le procédé d’électrogreffage SEEP développé par une équipe du CEA Paris-Saclay, au sein d’un laboratoire CEA CNRS. Cette équipe de recherche fondamentale et appliquée maitrise de longue date les mécanismes physico-chimiques utiles pour les traitements de surface. Le procédé SEEP consiste à plonger la pièce à traiter dans une solution aqueuse. Le revêtement obtenu adhère fortement à la pièce, via des liaisons chimiques stables. Le procédé respecte les principes de la chimie verte.
Les équipes du laboratoire commun Mestrel veulent acquérir une meilleure maitrise du procédé, déjà validé à l’échelle du laboratoire en levant plusieurs verrous technologiques. Un développement à l’échelle industrielle permettra de traiter de grandes surfaces métalliques, telles qu’une structure d’avion (panneaux de fuselage et/ou panneau de voilure), tout en préservant les propriétés de primaire d’adhésion (1er verrou), d’anticorrosion (2e verrou). La phase d’immersion sera remplacée par une technique de pulvérisation (3e verrou), moins contraignante et plus économe en produits. Ces axes seront étudiés en parallèle, avec l’objectif d’une mise rapide sur le marché du procédé.
À terme, Protec Industrie pourra ajouter à son offre industrielle ce traitement dérivé de SEEP, permettant de satisfaire les plus récentes normes environnementales et de sécurité, tout en réduisant les coûts associés et ainsi gagner en compétitivité. L’entreprise cherche également à diversifier ses activités en visant notamment le traitement de panneaux de voilure d’avions, actuellement sous-traité en raison de contraintes dimensionnelles. Les débouchés de ces procédés peuvent aussi s’étendre au transport ferroviaire, au milieu maritime (plateformes pétrolières, éoliennes, etc.), où la protection contre la corrosion touche le coeur de ces activités.
La mise sur le marché de ce procédé développé par le laboratoire commun Mestrel permettra à Protec Industrie de prendre une dimension plus large, dans son domaine privilégié.
Se passer du chrome hexavalent
Les traitements de surfaces actuels des métaux, assurant les fonctions de couche primaire d’adhésion en préparation de peinture et d’anticorrosion, est à base de chrome CrVI (6e état d’oxydation du chrome). Du fait de sa toxicité, l’utilisation du CrVI est à présent proscrite par la réglementation européenne Reach, mais encore tolérée de manière dérogatoire dans certaines industries jusqu’en 2024. La majorité des traitements actuels de substitution remplacent le CrVI par du CrIII, mais celui-ci est moins performant comme primaire d’adhésion et d’anticorrosion. Une alternative est aujourd’hui fournie par la technologie sol-gel qui présente, cependant, de multiples inconvénients : la durée de vie limitée du revêtement avant la mise en peinture est de moins de 48 h et il est impossible de faire des retouches de peinture après application.
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