Entretien avec Sébastien Gillet, directeur du salon Global Industrie.
Comment appréhendez-vous la prochaine édition de Global Industrie qui se tiendra à Paris du 25 au 28 mars 2024 ?
Les voyants de l’édition parisienne sont au vert. Le premier challenge est gagné : nous avions à cœur de montrer que nous pouvions de nouveau recréer la plus grande usine de France avec ses 1 500 machines, ses 2 400 exposants. Surtout, entre 500 et 600 nouvelles sociétés, qui n’ont quasiment jamais exposé sur Global Industrie, seront également présentes. C’est un vrai plus. Villepinte est une nouvelle fois une terre sur laquelle nous pouvons faire de beaux salons. Nous tenions également à ce que Global Industrie bénéficie de coups de projecteur politiques. Des sujets abordés pendant les quatre jours du salon comme l’attractivité des métiers, la décarbonation ou la féminisation peuvent représenter des sujets politiques. Roland Lescure, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargé de l’Industrie et de l’Énergie, a déjà cautionné le salon lors de la conférence de presse du 29 novembre 2023. Pour autant, nous aimerions que Global Industrie soit le pendant du salon de l’agriculture et que le président de la République se déplace sur le salon lors de son inauguration. En tout cas, nous voulons montrer, à travers Global Industrie, l’ensemble des enjeux de l’industrie.
À quoi sert un salon comme Global Industrie ?
Tout d’abord, un salon sert à faire des rencontres, à faire du sourcing, à montrer de manière concrète du matériel, des innovations, des projets. On ne construit pas grand-chose si on ne se voit pas physiquement. Pour comprendre, présenter, créer et surtout anticiper tous les enjeux de l’industrie, il n’y a pas mieux qu’un événement comme Global Industrie pour le faire. Il n’y a pas d’autres salons aujourd’hui en France, ni même en Europe, qui présentent un tel écosystème, des petites entreprises, des startups, des sous-traitants, des offres de solutions, des fabricants. Global Industrie permet de réunir tout le monde sur un même lieu. Tous les sujets liés à l’industrie peuvent y être évoqués ; et le salon offre aussi la possibilité de discuter de la manière dont le gouvernement peut accompagner les entreprises. Finalement, Global Industrie est l’événement vitrine de l’industrie française.
Quels sont les grands défis de l’industrie française ?
Il faut un événement en France aujourd’hui dédié à l’industrie. Il faut un lieu de rassemblement, où l’on fédère, où l’on parle, où l’on fasse de la pédagogie. En 2023, nous avons accueilli entre 5 et 6 000 jeunes sur l’édition Global Industrie. Nous accueillerons sensiblement le même nombre de jeunes à Paris. La pénurie de main-d’œuvre est un enjeu. Faire revenir des jeunes à l’industrie nécessite un événement qui illustre les métiers de demain, les métiers d’aujourd’hui, les différents parcours possibles. Ça ne se peut pas se faire à travers internet, ni à travers la presse ou quelques rencontres même dans une école. Notre compétition Golden Tech permet d’illustrer l’attractivité des métiers de l’industrie et de montrer aux jeunes qu’aujourd’hui qu’il y a une vraie visibilité d’embauche pour le futur. La modernité industrielle va être un élément moteur majeur pour l’industrie de demain, parce qu’aujourd’hui, l’industrie est plus robotisée, plus automatisée, des sujets qui parlent un peu plus aux jeunes aujourd’hui. Global Industrie va aussi illustrer le fait que les robots ne vont pas remplacer les hommes et qu’ils vont apporter une vraie valeur ajoutée aux hommes et aux femmes dans l’entreprise. La féminisation est d’ailleurs l’un des sujets qui seront aussi traités sur le salon. Je pense par ailleurs qu’un salon comme Global Industrie est nécessaire si l’on veut retrouver une souveraineté industrielle et ne plus aller faire ailleurs ce que l’on peut faire chez nous. Le mot “relocaliser” n’est plus tabou. Nous ne relocalisons peut-être pas autant que nous l’aimerions, mais nous relocalisons quand même chaque année plus de 150 à 200 entreprises par an. Parmi les enjeux de l’industrie figure aussi la décarbonation. Un grand groupe sait décarboner, est structuré, en a les moyens. Mais la décarbonation ne concerne pas seulement les grandes entreprises. Nous voulons montrer, à travers des grands médias, que notre industrie en France est belle, est verte, et qu’elle n’est pas aussi sale que cela a pu être évoqué pendant tant de décennies, image qui a contribué à une certaine désaffection. Aujourd’hui, dans l’industrie, on embauche en CDI, on embauche des jeunes, on paye mieux que dans d’autres filières françaises. Si le coût du travail est plus important en France qu’il l’est dans d’autres pays d’Europe, nous avons tout pour retrouver cette force que l’industrie avait en France il y a 30 ou 40 ans. J’ai le sentiment qu’il y a une prise de conscience. Nous ne sommes pas au bout du tunnel, mais nous ne sommes plus du tout au début du tunnel. Nous voyons vraiment une lumière pour certains sujets, dans certaines filières.
L’offre des exposants sera répartie en 15 univers. Il y a quelques années, Global Industrie était présenté comme la réunion de plusieurs salons existants. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas ?
Notre souhait, ce n’est pas de rayer 50 ans d’existence d’un salon comme le Midest, par exemple. Nous continuons à respecter les univers des salons qui se sont regroupés même s’ils ont perdu leur nom au profit d’univers, à la demande aussi des visiteurs. Nous sommes des metteurs en scène. Nous avons beaucoup sondé les visiteurs de Lyon et de Paris afin de proposer des univers regroupés. Par exemple, la mesure est un univers important du salon. La complexité d’un salon comme Global Industrie est de proposer un plan cohérent avec des univers proches en termes de métiers proches géographiquement sur le salon. Lorsque l’on travaille dans la mesure, on n’est pas très loin de l’usinage ni de la robotique. Nous voulons proposer un salon qui parle aux jeunes et qui est pratique pour les visiteurs avec des univers mieux connectés. Globalement les univers se portent assez bien même si les stands ont une surface réduite d’environ 10 % par rapport à l’avant Covid. Du côté des exposants, 70 % sont communs entre Lyon et Paris. Global Industrie Paris 2024 sera plus important que Paris 2022 avec une offre similaire à celle de Lyon 2023, avec sensiblement la même représentativité dans les grands stands. Il y aura toujours des grosses machines en fonctionnement.
2024 Paris : Jeux olympiques. Comment cela se retranscrit-il dans le salon ?
Nous ne pouvons pas ne pas parler de sport lors d’une année olympique. Un événement industriel a plus de connexions avec le sport que l’on ne peut l’imaginer. L’industrie est réellement beaucoup au service du sport. Notamment, la mesure et la vision sont très connectées avec certains sports olympiques. Le biathlète français Émilien Jacquelin sera présent le deuxième jour du salon pour expliquer comment l’industrie l’a aidé à être plus performant. D’autres grands sportifs seront également présents. L’Insep nous accompagne et disposera d’un pavillon, un espace sur lequel il y aura des démonstrations sportives qui auront vocation à montrer les parallèles entre le sport et l’industrie ou le fait que le sport a besoin de l’industrie pour réaliser telle prouesse ou tel matériau. Le sport paralympique sera aussi représenté, avec notamment la possibilité de voir des fauteuils roulants et des prothèses. Il y aura du sport au quotidien sur les quatre jours de salon. Nous espérons même que la ministre des Sports se déplace sur Global Industrie.
Propos recueillis par Nicolas Gosse