Le Symop, organisation professionnelle des créateurs de solutions industrielles, propose chaque trimestre un point de conjoncture des fournisseurs des biens d’équipements de production.
Selon les chefs d’entreprise interrogés en avril, le climat conjoncturel a continué de se dégrader sur le premier trimestre 2020, après deux trimestres déjà en retrait. Pourtant les mois de janvier et février avait montré une légère amélioration de la demande, qui s’est brutalement interrompue avec la pandémie.
L’enquête Insee de janvier sur les anticipations d’investissements annonçait une légère croissance des investissements sur 2020. C’est bien ce qui a été constaté sur les deux premiers mois de l’année avec une demande tout à fait correcte sur les accessoires, les outils coupants, ou les produits pour le soudage. Le climat des affaires est devenu plus incertain face au développement de la crise sanitaire au-delà des frontières chinoises et à son impact attendu sur le commerce international. D’ailleurs, les commandes en provenance de Chine, mais également des États-Unis ou des pays européens eux-mêmes touchés par les répercussions de la crise sanitaire, ont baissé dès le mois de février.
Les ventes sur le trimestre se sont contractées de -1.4 % au global, mais de -2.3 % sur le marché domestique. Cette baisse est somme toute légère et imputable aux quinze jours de confinement durant lesquels le niveau d’activité a chuté de 60 %. Les ventes à l’export ont baissé de 3.4 % impactées par la crise sanitaire qui a empêché les livraisons de machines.
Les commandes ont suivi les mêmes tendances que l’activité du trimestre. Plus de la moitié des participants a enregistré une hausse ou la stabilité de ses entrées de commandes sur le trimestre. Un quart ont connu une baisse de l’ordre de 5 %. Les fournisseurs de machines de production sur le marché français ont davantage ressenti ce ralentissement. Fortement orientés vers les marchés export, les constructeurs estiment le niveau de leurs carnets de commandes correct avec plusieurs mois de production prévue à ce jour. Mais 76 % des participants, fournisseurs sur le territoire national, jugent leur carnet de commandes inférieur à la normale. L’enquête ayant été menée sur avril, les réponses anticipent sans doute les futures répercussions du confinement sur l’activité des clients et leur niveau de leur trésorerie. Elles inquiètent les répondants puisque qu’elles s’accentueront sans doute pendant l’été, et ce, malgré les aides gouvernementales mises en place.
Les fournisseurs anticipent un recul sensible sur 2020
Dans ce contexte très particulier de la pandémie, qui empêche la livraison des machines pour des problèmes de transport ou de logistique, la maintenance sur site pour cause de fermeture des entreprises ou d’accès interdit par les clients pour raisons sanitaires, les consultations clients par manque de d’hôtels, l’activité des prochaines semaines sera indiscutablement très perturbée. Signe précurseur, la charge des bureaux d’étude et le nombre de consultations est déjà en baisse pour 58 % des répondants. Et sur avril, les fournisseurs ont enregistré des suspensions temporaires de commandes, des reports de projets en cours d’étude, et même des annulations fermes.
Dans ces conditions, les prévisions ne peuvent qu’être négatives. Tous les répondants anticipent une forte chute des entrées de commandes sur le deuxième trimestre (-13 % sur le marché domestique), et sur le troisième trimestre traditionnellement bas en raison des congés. 51 % des participants prévoient une chute de plus de 20 % des commandes. Ce sera le cas pour les machines-outils où la chute des ventes est estimée à 30 % sur l’ensemble de l’année par rapport à 2019, avec des contractions temporaires pouvant atteindre 50 %. Cette tendance est partagée par tous les pays européens.
L’activité des roboticiens a subi une forte contraction (-10 %), car très impactée par les difficultés de l’automobile. Les commandes ont marqué le pas également, en baisse de 7 % sur le trimestre, avec un carnet de commandes d’un niveau inférieur à la normale conséquence d’une baisse sensible des consultations. Les roboticiens ne voient pas d’amélioration sur les prochains mois.
Les fournisseurs de consommables pour machines, de matériels de mesure, de produits de soudage ont conservé une activité tout à fait satisfaisante sur les deux premiers mois pour ensuite subir l’effet de la pandémie. Le niveau des entrées de commandes est resté correct. Les industriels n’anticipent pas de reprise de leur activité avant septembre.
L’effet de la crise sanitaire a été brutal mais l’activité reprend doucement
Mi-mars, alors que le confinement était instauré en raison de la crise sanitaire, le Symop a immédiatement mis en place un baromètre afin de suivre les entreprises face à la crise économique qui se profilait. Chaque quinzaine, une réactualisation a été demandée aux adhérents.
L’étude des séquences successives montre qu’à fin mars, le niveau d’activité des entreprises adhérentes a chuté de 55 % avec la fermeture des services au sein des entreprises. Fort heureusement, ce niveau remonte depuis début mai chez les fournisseurs de biens d’équipements (58 % mi-mai).
Ce sont bien sur les directions générales, administratives et financières qui sont restées actives au long de la crise avec 75 % des personnels. De nombreux sites de production ont été fermés empêchant la livraison des machines et matériels. Seuls 34 % des salariés des ateliers de production ont maintenu une production en début de confinement, pour remonter à 45 % jusqu’à fin avril. Aujourd’hui on constate une reprise lente avec 50 % du personnel occupé en fabrication. Les services commerciaux ont connu une évolution similaire passant de 38 % de commerciaux en activité contre aujourd’hui 60 %. Pendant toute la période, les relations commerciales étaient difficiles à mettre en œuvre du fait des déplacements interdits, de l’absence de l’hôtellerie et de la restauration pour les grands déplacements.
De même les services de SAV sur site, ou de maintenance de machines n’ont pu fonctionner normalement. Fermetures des sites, interdiction de pénétrer dans les ateliers par mesures sanitaires, manques de structures hôtelières ont rendus les déplacements impossibles. Seuls 26 % des salariés travaillaient en début de crise contre 56 % aujourd’hui.
Pour faire face à cette contraction d’activité, les mesures de chômage partiel ont été utilisées pour 36 % des salariés en début de crise, complétées par des demandes de prise de congés ou RTT. Ce recours aux aides gouvernementales diminue avec la reprise et n’est plus que de 14 % fin mai. A noter qu’aucun licenciement n’a été préparé sur la période, les industriels connaissant la difficulté à recruter.
Le télétravail a été plébiscité par toutes les entreprises : au plus fort de la crise il a atteint 75 % des salariés. Bien sûr, la présence sur site augmente au fur et à mesure que le tissu industriel se remobilise.
En revanche, l’impact de la crise sur la demande et les facturations n’en finit pas de s’accentuer, même avec la reprise de l’industrie manufacturière.
Les commandes se sont fortement contractées, passant de -53 % du niveau habituel début avril à -58 % et même -67 % fin avril. Elles sont toujours inférieures de 50 % début mai.
De même pour les facturations qui enregistrent des baisses importantes passant de -46 % fin mars à -58 % aujourd’hui car l’appauvrissement du carnet de commandes ne fait que réduire les futures facturations.
Sur l’ensemble de l’année les industriels envisagent à ce jour une chute de 26 % de leur chiffre d’affaires budgété sur l’année.
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